Bio

« Ah toi tu t’intéresses au nouveau », me dit un jour Comte-Sponville lors d’un brainstorming géant avec 300 participants. « Moi c’est le contraire, je m’intéresse à ce qui ne change pas. »

Pourquoi je m’intéresse autant au nouveau? Parce que depuis plus de 30 ans je continue d’être étonné par le talent humain. Là où on pensait que tout avait déjà été imaginé, la créativité est encore possible et parvient à renouveler ce qui semblait achevé. Des esprits chagrin soutiendront que le nouveau n’est que la réinterprétation du passé. Comme si le talent humain était condamné à se répéter… C’est juger un peu vite ou ne pas s’intéresser à l’innovation. Regardons les progrès fulgurants de la médecine. Regardons l’augmentation générale du niveau de vie partout dans le monde. N’est-ce pas assez? A-t-on vraiment partagé le progrès? N’a-t-on pas sombré dans de fausses innovations pour faire de l’argent facile? Sans doute et certainement. Par principe, je n’ai pas une vision irénique de notre humanité. Que les critiques, les sceptiques et les commentateurs s’investissent personnellement et innovent mieux, autrement, et pour le plus grand nombre. L’humanité s’en portera mieux.

Ma passion pour le nouveau vient de mes observations sur la façon qu’ont certaines personnes de penser, génies célébrés mondialement ou citoyens sans qualité particulière qui résolvent des problèmes que l’on croyait définitifs. Innover, c’est penser et faire autrement. C’est d’abord penser autrement, et, d’une certaine manière, ce penser-autrement est à porter au crédit de notre cerveau qui parvient, le plus souvent sous contraintes, à utiliser son imagination et à la combiner avec une rationalité logique. Il n’en faut pas plus pour que le nouveau m’intéresse autant. Est-ce néopathie? Je fais tout pour m’en garder : s’intéresser au nouveau ne signifie pas l’idolâtrer. Entre une innovation robuste qui traverse les temps et une innovation fantasque et feu-follet,  mon coeur ne balance pas : il est inutile de chercher du nouveau si l’ancien fonctionne toujours. Ce qui me permet de dire que le nouveau ne se suffit pas à lui-même : encore faut-il qu’il procure un bénéfice. Bénéfice pour des personnes, bénéfice pour la planète, bénéfice pour la postérité : le chemin de l’innovation utile n’est pas aisé. Mais il est passionnant.

Pierre-Louis DESPREZ est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la Rue d’Ulm, co-fondateur de Kaos Consulting, société de conseil en innovation, création de noms et stratégies de marque fondée en 1986 par Ivan Gavriloff. Des vidéos sont consultables en accès libre sur ce site et sur celui de KAOS

En complément des nombreux articles qu’il a publiés dans des revues et des quotidiens, il a écrit 3 ouvrages :

  • La Marque (Vuibert 2013), ouvrage consacré aux fondamentaux du branding revisités,
  • Traité de tous les noms, histoires de mots marquants (Descartes&Cie 2007), ouvrage consacré aux noms de marque et aux mots qui touchent,
  • Petits Cycles de Bonheur (Arléa 2007), ouvrage consacré à l’une de ses passions : découvrir le monde et les cultures à bicyclette.