Nommer la vie

Hugo, Emmanuelle, Hélène, Alexandre, Zinédine… Nous sommes tous issus d’un prénom. Notre identité lui est autant attachée qu’au nom de famille. Pour le meilleur et pour le pire, nous portons cette marque jusqu’à notre dernier jour, ou nous la refusons avec obstination et nous la transformons. Il faut affronter les moqueries ou au contraire assumer la séduction qu’exerce ce prénom. C’est le mot que nous entendrons le plus dans notre vie.

Le prénom a été choisi, à la différence du nom patronymique: donner la vie et prénommer sont les deux actes créateurs fondamentaux, inséparables et spécifiques à l’humanité.

Le tout jeune enfant qui donne un nom à son doudou ou à ses personnages de jeux, manifeste déjà sa part d’humanité. Être un humain, c’est ne pas pouvoir se passer de symboles, parmi lesquels figurent au tout premier rang les mots.

Devenir parent, c’est être à son tour dans la capacité de prénommer un autre que soi, l’enfant. Le prénom est un symbole qui le relie au reste du monde. En lui sont enfermés les rêves, l’amour, l’espoir et les désirs d’une mère et d’un père.

« Le nom est un présage », disait-on à Rome. C’est vrai également pour le prénom.

extrait du « traité de tous les noms » Pierre-Louis Desprez & Ivan Gavriloff (Descartes & Cie, 2007)